Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Partage de mes opinions citoyennes
14 août 2022

On est comme on nait ?

Regard sur la société

Soyons bienveillant

52 ans et de longues années à me poser des questions sur bien des choses concernant mon parcours tant personnel que professionnel.

Beaucoup de déboires, de belles et de mauvaises rencontres, l'arrivée de la maturité ... et des conclusions, MES conclusions qui n'engagent que moi et qui ne peuvent concerner que MOI au regard de mon parcours, de mon histoire ... L'être humain est si complexe, le monde est si mouvant, pas de généralité mais des constats personnels et une question personnelle :

On est comme on nait ?

Oui, non, parfois, sans doute, un peu ...

 Pour ce qui me concerne, thèse (oui), antithèse (non) synthèse (un peu des deux) ! Rien d'extraordinaire, si un petit pois est indéniablement vert, ce que d'aucun pense du petit pois (bon, pas bon ...) est individuel, personnel.

Enfant de la DASS, placée très jeune (à 2 ans) mon parcours d'enfant, je suis allée le chercher dans les locaux de la DASS de Savoie en 2013. J'ai récupéré quelques documents de cet épais dossier (16 ans de placement) conservé 99 ans et consultable sans grande difficulté "administrative".

Un premier long placement qui, j'en suis persuadée m'a structurée, donné les fondations et l'équilibre nécessaire à la construction relativement stable de mon équilibre psychologique. Une figure maternelle à laquelle j'ai pu m'accrocher pour palier aux travers de ma propre mère, d'autant plus important sans doute que j'étais une fille et donc le miroir maternel était très important.

Puis cette mère, ce pilier, se marie, quitte le foyer familial ou nous étions placés, moi, mon frère et ma soeur (comme d'autres enfants) et l'équilibre se brise et m'impacte à un niveau que je ne commencerai à réaliser que bien des années plus tard, à la naissance de mon premier enfant, j'avais 22 ans.

Ce départ a sonné le début d'un enchainement de placements succéssifs (8 en tout) et de "mensonges" allant avec. Quels mensonges ? principalement des "mensonges" qui étaient plutôt des incapacités d'adultes à gérer ma destresse psychologique surtout celle qui a suivi le départ de celle qui a été ma mère pendant toutes ses années Nini ! 

Les adultes ont répondu à ma destresse (de quitter les familles où j'ai été placée) en me disant "ne t'inquiètes pas, c'est provisoire, tu reviendras" mais ce n'était jamais provisoire, je ne revenais jamais, MENSONGES. Ca m'a marqué profondément durant tant d'année sans que je n'en sois consciente, sans que je ne sois en mesure d'en réaliser l'impact sur bien des plans de ma personnalité et donc des conséquences que ça a eu (et a encore dans une moindre mesure) sur ma vie, mon parcours tant personnel que professionnel.

Est ce que vous êtes en mesure de comprendre ce qu'une enfant de 12 ans peut ressentir quand "sa mère" lui dit, je m'en vais, je me marie, je dois te laisser pour faire ma vie ? Sans doute ! l'empathie sert à ça, se mettre à la place de l'autre dans une situation donnée et comprendre, au moins intellectuellement sa douleur ; c'est bien sûr possible mais on est bien loin de ce que ça provoque psychologiquement pour l'enfant qui le subit. 

Mais, moi y compris, je ne serai jamais capable de connaître la douleur réelle qu'une situation peut engendrer (même si je la comprends et même si je suis capable de beaucoup d'empathie) tant qu'un évènement douleureux n'est pas vécu par la personne, elle ne peut le comprendre vraiment), seule une mère qui a perdu un enfant par exemple, peut comprendre la douleur précise que ça engendre.

J'ai poursuivi mon chemin et ai demandé à avoir mon propre appartement dès 17 ans, en première, j'habitais à Nantes à l'époque. Très autonome, responsable, débrouillarde ...j'ai passé mon bac et vécu quelques belles années, enfin indépendante, enfin maitre de ma vie ! 

Je crois que inconsciemment, je me suis jurée que plus personne ne déciderai à ma place.

J'étais jeune, il fallait avancer, pas le temps de se retourner, de s'appitoyer, de pleurnicher, j'en étais même à me persuader que ces placements avaient été une bonne chose et que si j'étais restée au sein de ma famille biologique je ne serais sans doute pas devenue ce que j'ai pu devenir.

Ce que je ne savais pas encore, ou plutôt ce que je n'étais pas encore en capacité de mesurer, c'était les "effets invisibles", les conséquences très profondes de tout ça.

 En 2010, j'ai failli mourir, rupture d'anévrisme hémorragie cérébrale puis coma, je ne dois mon salut qu'à une chance incroyable, au moment ou je tombe dans la baignoire ma fille était en train de passer la porte pour aller au lycée, elle m'a entendu et l'intervention très rapide du SAMU m'a sauvée. 

J'ai passé 3 semaines dans le coma, 4 mois à l'hôpital et cet évênment m'a marqué également profondément et a, il me semble, changé ma perception du monde, des autres et m'a fait prendre la mesure des conséquences lourdes de mon parcours d'enfant malmenée que j'avais jusqu'alors "préféré" minimiser et occulter parce qu'il fallait avancer tout simplement ! 

S'en est suivi une dépression sévère de 2 années (il se pourrait que la dépression soit la conséquence de cet évènement lourd du corps qui lâche consécutivement à tout ce que j'ai enduré toutes ses années sans jamais me retourner, sans jamais obtenir l'aide (notamment psychologique) dont j'aurais dû bénéficier.

Il aura fallu une tentative de suicide pour enfin être entendue dans ma détresse et béneficier du soutien (un peu, très peu en réalité) que je n'avais jamais eu et dont j'aurai dû bénéficier à l'évidence.

Mais revenons à "nos moutons", on est comme on nait ?

Tout ce qui précède me semble expliquer bien des choses et notamment "des postures", des réactions dans ma vie personnelle bien entendu mais également dans ma vie professionnelle.

Suite à tout ça, à la maturité qui permet de comprendre, au recul ... il me semble que des liens peuvent être faits entre ce vécu, ce passé "lointain" et certaines expériences plus récentes, personnelles et/ou professionnelles.

Comme expliqué plus haut, ne pas avoir compris (du haut de ma position d'enfant) ce qu'on m'a imposé a eu (et a toujours mais désormais je maitrise mieux il me semble) un impact dévastateur sur ma personnalité :

- L'abandon de celle qui a été mon pilier, ma mère bien mieux que ma mère biologique signifie insconsciemment = tu n'as pas assez de valeur pour être aimée "durablement" = comportements "correspondants", je fais tout pour me faire "mal aimer" afin de ne pas "risquer" de trop donner pour être à nouveau abondonnée.

- Les mensonges des adultes à chaque placement pour masquer leur incapacité, de professionnel pourtant, à gérer ma détresse = aucune confiance en qui que ce soit, méfiance généralisée, voire défiance pour tous y compris en milieu professionnel (quand un chef, par exemple, a une attitude incompréhensible à mon égard mes réactions pouvaient être "démesurées".)

- L'instabilité liée aux multiples placements = Instabilité structurelle de mon parcours affectif et professionnel notamment et surout l'INCOMPREHENSION de ce que j'ai vécu (pendant très longtemps en tout cas) qui était de l'incompréhension "simple" au départ, de ne pas y voir clair dans mon parcours (c'est pour celà que je suis allée chercher mon dossier, pour lire noir sur blanc quelle était exactement mon histoire, les étapes, le déroulement ...), je n'avais que des souvenirs traumatiques fugaces, non reliés entre eux ....

Cette incompréhension est la conséquence la plus dommageable de mon parcours, la plus destabilisante ; quand je ne comprenais pas une situation (professionnelle ou personnelle) ça pouvait me mettre dans des états .... que j'ai appris à maitriser, à identifier, à canaliser .... ça ne pouvait pas venir de nulle part .... il me semble que ça vient de là, je ne vois que ça !

Un point positif tout de même, en lien je pense avec mon parcours personnel : forte capacité d'adaptation ... celle sur laquelle je me suis construite au fil des multiples placements auxquels j'ai été soumise ? sans doute ! dois je m'en réjouir ? Loin de là, j'en suis certaine aujourd'hui, je connais l'étendue des dégâts et le prix payé en regardant derrière moi.

Un fort tempérament également avec une détermination (trop souvent "masquée" sous de l'aggressivité que j'ai réussie à identifier, petit à petit, avec la maturité et à maîtriser.. La plupart du temps) : celle de m'en sortir même si, bien souvent, je suis la seule à savoir que j'y suis parvenue, à mon niveau.

Un fort tempérament donc qu'on me jette si souvent à la figure ... un horrible défaut pour les autres ! 

Mais cette agressivité elle vient d'où ? De la colère intense et profonde de mon vécu qui ressort ponctuellement... Quand les situations me renvoient à des événements difficiles de mon histoire parfois ça pète - avant ça pétait..... Toujours (là encore avec la maturité je maîtrise mieux parce que je comprends mieux aussi... Mais c'est encore là !) 

Et si j'avais été faible ? Comment aurais je surmonté tout cela ? 

Si j'avais été faible on me mepriserai, je suis "forte" on "m'ignore" voire on me rejette (c'est vrai que les gens aggressifs on en veut pas trop pour potes je comprends mais qui me compend MOI ?) 

Et maintenant que je réalise tout ça, j'en fais quoi ?

Difficile de revenir en arrière, de "rectifier le tir" d'autant qu'on vit dans une société de plus en plus cruelle, individualiste ou les égards pour les autres sont de vieux espoirs que j'ai longtemps eu à tort d'espérer ! 

Le plus cruel me semble-t-il est de n'avoir jamais reçu la compassion qui aurait pu m'apaiser, pourquoi ?

J'ai cherché à comprendre parce que comprendre fait partie de ce que dont avons besoin pour dépasser les souffrances, les horreurs que la vie met sur nos chemins même si bien souvent, certains évènements sont juste incompréhensibles. C'est pourtant ce que font, par exemple, les proches des personnes victimes de crimes, ils veulent comprendre pourquoi, pourquoi eux ... et surtout, pour apaiser leur souffrance, ils aspirent à la compassion, à la bienveillance ..... comme moi !

Je me suis donc demandé pourquoi je n'étais pas l'objet de compassion et/ou bienveillance de la part de mes proches notamment, de ceux qui pourtant savent ce que j'ai traversé et devrait donc "me pardonner" les travers, les défauts, les réactions "inadaptées" ... liés à mon parcours.

Il me semble, pour les en excuser, qu'il me perçoivent comme quelqu'un de "fort" puisque malgré ces épreuves, "je m'en suis sortie" ; ils ne voient que ce que je veux bien montrer pour ne pas sombrer.

La souffrance morale et psychologique n'a pas de visage et surtout les gens, y compris ceux qui vous sont proches, ne veulent rien savoir de vos "démons", ils ne savent pas quoi en faire.

D'aucun aura (éventuellement) de la compassion pour un handicapé, un balafré, un mutilé ... parce que sa blessure se voit, elle permet à l'autre de s'identifier "directement". 

Les blessures morales ne se voient pas, personne ne peut se les approprier pour vous épauler et si on a pas, à minima vécu un drame personnel, il est impossible de parvenir à simplement essayer de comprendre.

C'est ce que j'ai vécu quand j'ai sombré dans ma grosse dépression et ça a été terrible ce revirement de situation de mes proches, j'avais été tellement entourée au moment de ma rupture d'anévrisme par mes amies, ma famille y compris par mon ancien employeur peut-être parce que j'étais entre la vie et la mort et que chacun pouvait s'identifier et puis accompagner un mourant c'est "politiquement correct", ça se fait pour montrer aux autres qu'on a un sens moral.

Une fois "sortie d'affaire", à peu près remise "physiquement ...Petit à petit, mon entourage s'est éloigné, mon mal être s'est accru et j'ai sombré encore plus profondément évidemment parce que sans le soutien de vos proches c'est encore pire !

Alors j'apprends, petit à petit à être fière de mon parcours, toute seule face à moi même parce que ce que j'ai aussi retenu de tout celà c'est qu'il ne faut rien attendre DE PERSONNE bien que ce soit ce que j'ai fait durant tant d'année : attendre la compassion, la bienveillance, la compréhension, l'acceptation de ce que je suis, comme je suis avec mes défauts et mes qualités est vain.

Je me pardonne, je me corrige, je m'admire avec modération mais je le fais pour ne plus perdre mon temps à attendre celà des autres.

On est comme on nait ? Oui, non, un peu . forcément !

"Ecrire pour ne pas mourir" " MAGNIFIQUE, SUBLIME texte d'une chanson de Anne Sylvestre, alors j'écris, j'essaie de comprendre et de faire avec comme j'ai toujours fait.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Publicité
Publicité
Commentaires
Partage de mes opinions citoyennes
  • Du blog "professionnel" au blog personnel, comme "simple" citoyenne constatant un certain nombre de situations qui me font réagir et me donnent envie de partager, dans le respect mutuel, mes avis personnels, divergents parfois, sincères toujours .
  • Accueil du blog
  • Créer un blog avec CanalBlog
Publicité
Archives
Visiteurs
Depuis la création 62 003
Partage de mes opinions citoyennes
Publicité